La monographie de 1885

A.D. Br4° 548

MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE DE MONTRABE
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 (Exposition scolaire de Toulouse en 1885 *)

La commune de Montrabé est située à l’Est de Toulouse. Elle a pour limites : au Nord, la commune de Rouffiac, au Sud, la commune du Pin, à l’Est, la commune de Beaupuy et à l’Ouest, les communes de Balma et de St Jean de l’Union. Son étendue est de 5 km2, 08 hq, 01 dq 60 m2.
La commune de Montrabé est comprise dans le canton sud de Toulouse et elle est distante de 9500 m de cette ville.
Le pays est très accidenté à travers de riantes prairies coupées par des saules, une petite rivière, la Sausse, serpente dans la vallée.
Des vignobles, diverses cultures s’étalent au flanc des collines qui forment autour de vous comme un vaste amphithéâtre à l’extrémité Est de la commune.
Quelques cimes dont la hauteur arrive à 280 m sont couronnées de bois, l’un d’eux servait probablement d’enceinte naturelle au château féodal dans sa partie sud.
Ce manoir s’élevait au centre du village et commandait la vallée. C’était une grande maison de structure irrégulière avec des toits énormes. Le corps de logis se flanquait de deux ailes inégales dont l’angle rentrant était armé de deux tourillons symétriques, placés comme des gonds à l’articulation d’une porte.
Trois autres petites tours, une à droite, deux à gauche terminaient la saillie des ailes. Cette disposition pittoresque devait exagérer de loin l’importance du château et lui donner une physionomie de place forte. Mais, en réalité, à part les murs de la cour et les meurtrières de parade, percées aux flancs des tourillons, il n’y avait guère de moyens de défense.
Le propriétaire de cet antique manoir était à l’époque, c’est à dire en 1619 ou 1620 Monsieur de Montrabé, seigneur de Montrabé, noble de Suplicy, ancien capitoul. Depuis cette époque, le village a porté le nom de son seigneur.
Il paraîtrait qu’autrefois, le véritable nom du village aurait été Montrané.
Monsieur de Montrabé dut vendre dans la suite son château à Monsieur de Berthier car, dans les archives de la commune se trouve un livre-terrier concernant Monsieur de Berthier, seigneur de Montrabé et daté de 1679. Ce dernier avait épousé la petite-fille de Monsieur le Comte de Riquet, seigneur de Bonrepos.
Il ne reste plus aujourd’hui aucune trace du château féodal. Sur l’emplacement, s’élève une gracieuse villa appartenant à un riche commerçant de Toulouse, originaire de la commune.
La petite rivière de Sausse divise la commune en deux parties bien distinctes, la partie Nord qui est de peu d’étendue et la partie Sud qui constitue à vrai dire tout le village.
Quant à la nature du sol, il est principalement marneux ou plutôt c’est un mélange intime d’argile calcarifère et de sable fin habituellement micacé, mélange appelé argeréne, nom qui rappelle sa composition essentielle.
Cette roche dominante passe à la marne par la présence du carbonate de chaux, et plus souvent à l’argile par prépondérance de l’élément argileux.
Le climat est tempéré. Le vent d’autan s’y fait sentir de temps en temps et y souffle avec beaucoup de violence. Des pluies bienfaisantes arrosent le pays de temps à autre et le rendent fécondant.
La population de Montrabé, d’après le recensement de 1881 est de 219 habitants.
La commune est divisée en quartiers : le quartier de Tomberoussy, de Trèze bents, de Castie, de Sansac, de Terlon, du Logis Vieux, de Marignac, de Bel Soulel, de Cavanac, de Paucy, du Capelier, de Durantes, de Ribote, de Borde Haute, du Rivalet, de Gargas, de Roquelaine, de Brunel, et enfin, le quartier dit du Village.
La population approximative de chaque groupe est en moyenne de onze habitants, et le nombre de feux est de 40 environ.
La commune de Montrabé ne possède pas d’église ; elle fait partie de la paroisse de St Martial et l’église se trouve à Beaupuy, village situé à l’Est de Montrabé.
Le percepteur de la Réunion de Castelmaurou s’occupe de la comptabilité communale.
Quant au service des postes, il est fait par un facteur de Toulouse.
La valeur du centime est de 25,9057.
Les revenus ordinaires sont en moyenne de 134 francs.
Les prairies naturelles et la vigne constituent la principale culture de la commune.
Le phylloxéra a apparu dans la contrée en 1883. Plusieurs taches ont été trouvées dans le terre-fort de Tomberoussy.
Le gibier abondait autrefois dans la contrée. La multitude de chasseurs qui se rendait et se rend encore à Montrabé toutes les semaines à l’époque de la chasse, l’a fait disparaître en grande partie.
Montrabé est traversé par la Route Nationale n° 112 de Toulouse à Agde.
Le chemin de fer traverse aussi la commune depuis le 24 octobre 1864. C’est la ligne de Toulouse-Orléans et Paris par Gaillac-Brives-Limoges-Orléans et Paris; et Montrabé en est la première station.
En outre, deux diligences font un double service pour Toulouse, l’une part de Verfeil et l’autre de Lavaur. Les moyens de communication avec la ville sont donc très faciles.

Enseignement
L’enseignement était donné autrefois à Montrabé par le curé de St Martial. Vers 1846, un instituteur fut nommé dans la commune, il faisait la classe dans une vielle masure qui se trouve encore à l’angle de la Route Nationale n°112 et le chemin d’intérêt commun n°33 qui se rend à la station du chemin de fer.
En 1848, un projet de construction de maison d’école fut présenté au Conseil Municipal qui le rejeta. Le devis estimatif des travaux s’élevait à 6000 francs.
L’instituteur de Montrabé recevait les élèves de sa commune et en outre ceux des communes voisines de Beaupuy et de Mondouzil.
L’administration académique considérant que le trajet à parcourir par les élèves de Mondouzil était bien trop long, transporta le siège de l’école à Beaupuy, centre des trois communes. Dés lors l’instituteur fut nommé à Beaupuy et reçut les élèves de Montrabé, Beaupuy et Mondouzil.
Cet état de choses a duré jusqu’au 18 mars 1882. A cette date, une institutrice fut nommée à Montrabé, et le 5 octobre 1883, elle était remplacée par un instituteur qui dirige actuellement l’école mixte, n’ayant pour local scolaire qu’une petite salle de 15 m2 environ.
Il est vrai, la commune est prête à faire construire un superbe bâtiment scolaire et pourra disposer à cet effet de 16200 francs dont 9000 francs donnés comme subvention par l’Etat.

 Fait à Montrabé par l’instituteur soussigné :
 E. Rey.  

* En 1885, les instituteurs et les institutrices de la Haute Garonne furent conviés à faire, d’après un plan donné, l’histoire des communes où ils exerçaient.

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Monographie, original page 1